Culture et patrimoine

L’histoire mouvementée de la Basse-Côte-Nord jumelée à son éloignement ont engendré une culture locale unique qui est palpable dans la langue, l’artisanat et la vie quotidienne. Quelques 5 000 Côtiers vivent dans 14 villages différents, plusieurs n’étant pas reliés par un réseau routier. Les moyens de subsistance tournaient autrefois autour de la récolte de la morue et du loup marin, et plusieurs pratiquent encore aujourd’hui la pêche, le piégeage et la chasse au loup marin pour gagner leur vie. D’origine innue, inuite, québécoise, acadienne, terre-neuvienne, britannique et jersiaise, les résidants locaux d’aujourd’hui parlent innu, français ou anglais, une combinaison linguistique inhabituelle pour la province de Québec.

Les traditions culinaires reflètent ces nombreuses influences, et utilisent abondamment les petits fruits, le gibier et le poisson locaux. Dans les pittoresques villages de pêche de la Côte, les maisons en bois de couleur perchées sur des affleurements rocheux ne sont pas sans rappeler l’architecture des petits villages de pêche isolés de Terre-Neuve.

CULTURE AUTOCHTONE

Il existe deux communautés autochtones en Basse-Côte-Nord : le village de Pakua Shipi et la réserve Unamen Shipu. Les résidants des deux communautés font partie de la nation innue. Les mots Innu et Inuit se ressemblent, mais ils représentent deux groupes distincts. Les Innus parlent innu-aiman, une langue appartenant à la famille linguistique algonquine. À leur arrivée sur la Côte, les Français appelaient ses habitants les Montagnais, ou montagnards, à cause du territoire accidenté où ils vivaient. Nom préféré le plus couramment utilisé aujourd’hui, Innu signifie « être humain ». Les Inuits, appelés Esquimaux par les premiers explorateurs européens, représentent un déplacement ultérieur de personnes à l’intérieur du Canada. On a bien retrouvé sur la Côte des traces intéressantes de la présence inuite, mais il n’y a aucune communauté inuite moderne dans la région.

Les Innus et les Inuits ont inventé des objets ingénieux pour leur usage quotidien. Mentionnons notamment la raquette, le kayak, le canoë, le traîneau à chiens et le toboggan, objets qui avaient une importance cruciale pour l’existence humaine dans la région. Les Européens ont d’abord utilisé ces articles sur place en arrivant ici et il est permis de croire qu’il n’auraient pu survivre sans eux. Ces modèles à la fois simples et sophistiqués étaient tellement bien conçus que la plupart servent encore aujourd’hui. Ils représentent une partie de la contribution durable des peuples autochtones à la culture mondiale.

ARTISANAT ET AUTONOMIE

Les colons français et britanniques ont adopté l’esprit d’autonomie – et ses techniques – qui animait les Innus, connus pour leur canoës en écorce de bouleau fait main. Plusieurs résidants de la Côte construisent encore leurs propres maisons, leurs quais, leurs bateaux, leurs meubles, leurs traîneaux à chiens et leurs raquettes. Quelques-unes des femmes fabriquent encore bottes, mitaines et chapeaux en peau de loup marin, ainsi que des courtepointes et des tapis crochetés. Au début des années 1900, la célèbre mission médicale Grenfell a travaillé avec les résidantes pour faire de cette tradition ingénieuse de confectionner des tapis au crochet une forme d’art reconnue internationalement. Aujourd’hui, les résidants préservent ces habiletés en fabriquant de leurs mains maquettes de bateau, meubles, courtepointes, pièces murales, tapis, tricot, bottes en peau de loup marin, mocassins et objets d’art. Les boutiques d’artisanat et les sites de démonstration sur la Basse-Côte-Nord exposent et vendent ces objets traditionnels.

ADAPTATION AU PAYS

Hospitalité et solidarité demeurent les attributs clés de la culture locale, ce qui permet aux familles de s’adapter à la géographie accidentée et stimulante.

Traditionnellement, les ménages déménageaient au complet dans les îles avoisinantes chaque été pour se rapprocher des fonds de pêche. En hiver, elles retournaient sur le continent où elles pouvaient chasser et abattre du bois pour le chauffage. C’était très courant autrefois de voir les maisons en bois des gens remorquées par des bateaux en été ou tirées sur la glace en hiver. Les communautés innues de la Basse-Côte-Nord ont été parmi les dernières à maintenir un mode de vie saisonnier et nomade. Elles voyageaient en amont de la rivière en août, passaient les hivers à l’intérieur des terres et revenaient chaque été pour pêcher.